Ι. Κασουλίδης: «Το τίμημα που πληρώνουμε για την Ευρώπη είναι πολύ υψηλό»/« Le prix que nous fait payer l'Europe est trop élevé »

Η Κύπρος κάνει υπερβολικά μεγάλες θυσίες για την ευρωπαϊκή διάσωσή της, κάτι που καταστρέφει τα θεμέλια της οικονομίας του νησιού, δήλωσε σε γαλλική εφημερίδα ο υπουργός Εξωτερικών της Κύπρου Ιωάννης Κασουλίδης.

"Η Ευρώπη προσποιείται πως μας βοηθάει, αλλά το τίμημα που πρέπει να πληρώσουμε είναι πολύ υψηλό: τίποτε λιγότερο από τη βάναυση καταστροφή του οικονομικού μοντέλου μας», δηλώνει ο κ. Κασουλίδης στο σημερινό φύλλο της οικονομικής εφημερίδας «Λεζ Εκό» Les Echos[1].


Ερωτηθείς γιατί ήταν τόσο δύσκολο να επιτευχθεί μια συμφωνία για τη διάσωση, ο κ. Κασουλίδης δηλώνει: «Δεν ήμασταν προετοιμασμένοι καλά και δεν υπήρξε αλληλεγγύη από την πλευρά των Ευρωπαίων».

Ο κ. Κασουλίδης κατηγόρησε επίσης την Ευρωπαϊκή Κεντρική Τράπεζα, λέγοντας ότι ο δανεισμός στη Λαϊκή Τράπεζα θα έπρεπε να είχε σταματήσει πριν η τράπεζα βρεθεί στο χείλος της χρεοκοπίας.
.kathimerini.com.cy
28/3/13
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• [1] Ioannis Kasoulides : « Le prix que nous fait payer l'Europe est trop élevé »

Comment expliquez-vous le climat très dur dans lequel se sont déroulées les négociations du plan de sauvetage de Chypre ?

Je pense qu'il y a eu à la fois un manque de préparation de notre côté et une absence de solidarité de la part des Européens. Personne pendant la campagne électorale qui a conduit à l'élection du président Anastasiades, le 24 février, ni dans les jours qui ont suivi son arrivée au pouvoir ne nous a dit la vérité ni ne nous a avertis que les discussions allaient déboucher sur une rupture aussi soudaine, aussi radicale et aussi violente de notre modèle économique. C'est pourquoi quand la décision a été prise le 16 mars de taxer les déposants des banques, le choc a été tel pour l'opinion publique et pour le Parlement chypriote que cette solution a été écartée même si cela aurait probablement permis de sauver les deux grandes banques du pays.

D'où le renoncement à la taxation des dépôts et la décision de restructurer les banques en fin de semaine dernière ?

Les événements se sont précipités durant la semaine dernière : on a assisté à d'importantes sorties de capitaux, via les succursales des banques chypriotes à l'étranger. Des montants suffisamment importants pour que la Banque Laiki, la deuxième du pays, se retrouve au bord du précipice : elle n'avait plus que 55 millions d'euros de liquidités ! Nous n'avions alors plus d'autre choix que de procéder à la restructuration de nos banques.

Vous avez tenu à conserver la première banque du pays, Bank of Cyprus ?

Oui, sa disparition aurait été dramatique. Déjà, la situation est gravissime. Notre système financier a été détruit mais même le tourisme est en danger puisque les hôtels et les restaurants ne peuvent plus fonctionner normalement du fait de la fermeture des banques.

Pour vous, la solidarité des Européens n'a pas été au rendez-vous ?

Je me refuse à parler de solidarité. L'Europe prétend nous aider mais le prix à payer est trop élevé : rien moins que la destruction brutale de notre modèle économique qui va causer pour longtemps d'énormes difficultés pour les Chypriotes. Mais, les erreurs sont partagées : par exemple, était-il raisonnable pour la Banque centrale européenne et la Banque centrale de Chypre de continuer à financer - (NDLR via le soutien d'urgence à la liquidité bancaire ELA) - la Banque Laiki si elle était au bord de la faillite ? Or ces prêts d'urgence qui représentaient 430 millions d'euros en septembre 2011 atteignaient 9,2 milliards mi-mars. Il fallait arrêter les frais avant !

Comment voyez-vous l'avenir de Chypre désormais ?

Nous devons recommencer à zéro, comme en 1974, lorsqu' après l'invasion turque, notre économie avait été mise à terre. Un tiers de la population avait alors été déplacé du nord vers le sud, qu'il a fallu héberger, nourrir et employer. Aujourd'hui, nous sommes dans l'amertume et la colère. Mais demain, nous aurons la détermination et la volonté de repartir.

Sur quelles bases ?

Nous allons voir quelle partie du système financier va pouvoir survivre. Il reste de nombreuses banques qui n'ont pas de problème. Nous ne renonçons pas à Chypre comme centre financier régional car nous avons une population très bien formée et expérimentée pour ces métiers de la finance. Il n'est pas besoin d'avoir un système bancaire important pour exploiter un centre financier. Ce qui va cesser, c'est l'utilisation du système bancaire pour attirer des fonds spéculatifs par le biais de taux d'intérêt élevés. Ce cercle vicieux avait un inconvénient : cela poussait à la hausse les taux d'intérêt des prêts à l'économie et aux ménages. Si à l'avenir, l'argent est moins placé et s'investit davantage, ce sera une bonne chose pour l'économie.

C. C.
.lesechos.fr
28/3/13