Les chefs d’État et de gouvernement européens se réunissent ce mercredi pour un sommet éclair autour d’une double thématique, l’énergie et la lutte contre l’évasion fiscale.
Il s’agit de « deux domaines d’une importance cruciale pour l’économie et la cohésion sociale en Europe », a souligné le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, dans sa lettre d’invitation.
Ce sommet court – il débute à midi et doit se terminer à 16 heures abordera à travers ces deux sujets les moyens de « faire en sorte que nos politiques contribuent toutes au maximum à l’amélioration de la compétitivité, de l’emploi et de la croissance », explique M. Van Rompuy.

« On ne peut pas blâmer les autres d’être un paradis fiscal et d’être incohérents au sein de l’UE »

Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, invité de la Première, a estimé que la concurrence fiscale au sein de l’Union européenne est « condamnée ».
«  Il n’est plus tenable d’accepter que d’un côté, prenons l’exemple grec, qu’on réduise les retraites, les salaires et le budget public et qu’en même temps 60 milliards d’euros ont été transférés de la Grèce vers la Suisse en 2012 et 2013 et que les contribuables belges, néerlandais, allemands, français, italiens paient pour sauver la Grèce. Et qu’en même temps les plus riches Grecs achètent des appartements à Londres, Paris et Berlin. Ce n’est plus tenable. L’évasion fiscale est une raison de ce déséquilibre. La lutte contre ça est primordiale », a commenté Martin Schulz.
« On a besoin d’une stratégie européenne contre l’évasion fiscale mais pour imposer des règles aux paradis fiscaux extra-européens, il faut une crédibilité au sein de l’Union européenne. On ne peut pas blâmer les autres d’être un paradis fiscal et d’être incohérents au sein de l’Union européenne  », a expliqué Martin Schulz.
En effet, la lutte contre l’évasion fiscale a été ajoutée récemment à l’ordre du jour du sommet européen par Herman Van Rompuy. Le président du conseil européen a expliqué vouloir « profiter de l’élan politique » suscité par les révélations de l’OffshoreLeaks sur les paradis fiscaux. Le but étant notamment de présenter un front européen uni lors du G8 début juin.
« Soyons honnêtes à partir de ce que nous appelons OffsoreLeaks, la pression sur l’Autriche et le Luxembourg a considérablement grandi », a commenté le président du Parlement européen, Martin Schulz.
Et de conclure sur l’évasion fiscale : « On est en train de bouger mais il y a eu de l’hypocrisie pendant très longtemps au sein de l’Union européenne… L’hypocrisie de dire d’un côté qu’il faut lutter contre l’évasion fiscale et de permettre de l’autre côté un système fiscal concurrentiel, ce n’est plus tenable ».

Le schiste au coeur du débat sur la facture énergétique

L’autre sujet du sommet, l’énergie, occupera une bonne moitié des débats. Les dirigeants européens plancheront sur les solutions pour réduire la facture énergétique, en assurant notamment une production domestique continue. Sur ce point, le débat devrait tourner autour du gaz et du pétrole de schiste, dont l’exploitation a donné un net avantage aux industriels américains avec un prix du gaz très inférieur aux prix européens. Mais les 27 sont divisés sur la question, certains redoutant des retombées environnementales.
À la question de savoir s’il faut investir dans le gaz de schiste, Martin Schulz s’est montré plus réservé. « C’est très difficile. Les opinions sont très partagées. On connaît les risques des mines. Il faut prendre très au sérieux les avis des experts. Il faut investir dans le renouvelable, surtout dans les pays du sud de l’Europe pour être moins dépendants de structures comme le gaz de schiste », a commenté sur la Première le président du Parlement européen.
.lesoir.be
22/5/13 
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