Friday, March 18, 2016

Yémen: la coalition arabe a tué deux fois plus de civils que toutes les autres forces

L'ONU a indiqué vendredi que la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen avait entraîné la mort de "deux fois plus" de civils que toutes les autres forces présentes dans le pays, où plus de 3200 civils ont été tués en un an.

Des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des réceptions de mariage

"Il semblerait que la coalition est responsable de deux fois plus de victimes civiles que toutes les autres forces réunies", a déclaré dans un communiqué le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, soulignant que la "quasi-totalité" d'entre elles avaient été victimes de raids aériens.

"Ils ont frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des réceptions de mariage - et des centaines de résidences privées dans des villages, des villes, y compris dans la capitale Sanaa. Malgré de nombreuses démarches internationales, ces terribles incidents continuent de se produire avec une régularité inacceptable", a-t-il dénoncé.

"En outre, malgré les promesses d'enquête (...), nous n'avons pas encore vu de progrès en la matière", a-t-il poursuivi, avertissant que l'ONU était "en train de voir si des crimes internationaux avaient été commis par les membres de la coalition".

Il a fustigé "le carnage" causé mardi par les frappes aériennes de la alliance arabe sur le marché de Khamis, dans le nord du Yémen.


  • D'après le Haut-Commissaire, il y a eu deux frappes aériennes et elles ont tué 106 civils, dont 24 enfants.

Il a indiqué par ailleurs que des membres de son bureau se sont rendus sur les lieux de l'attaque mercredi, "qui a eu lieu apparemment lorsque le marché était bondé".

"Le personnel des droits de l'Homme de l'ONU n'a pu trouver aucune preuve de tout affrontement armé ou objet militaire significatif dans le secteur au moment de l'attaque, au-delà de la présence d'un point de contrôle à quelque 250 mètres du marché", a rapporté un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, dans un point de presse.

Le porte-parole de la coalition menée par l'Arabie saoudite a affirmé que le raid visait un "rassemblement de miliciens".

Près de la moitié des victimes sont civiles

Selon l'ONU, le conflit au Yémen a fait près de 6300 morts, près de la moitié étant des civils (3218), depuis l'intervention en mars 2015 de la coalition arabo-sunnite menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites Houthis, qui contrôlent toujours Sanaa et de larges parties du nord et de l'ouest du pays. L'ONU estime par ailleurs que 30 000 personnes ont été blessées dont plus de 5700 civils. Le conflit a par ailleurs provoqué une grave crise humanitaire.

"J'exhorte les parties à ravaler leur fierté et à mettre un terme à ce conflit", a lancé M. Zeid. "Les gens au Yémen ont trop souffert. Un pays très pauvre voit sa maigre infrastructure décimée, et la population lutte désespérément pour survivre", a-t-il dit.

Prémisses d'un apaisement après un an de conflit

L'arrêt des combats à la frontière avec l'Arabie saoudite et l'annonce de la fin prochaine des opérations militaires "majeures" apparaissent comme les prémisses d'un apaisement dans le conflit au Yémen qui affecte durement les civils depuis près d'un an.

En appui au gouvernement yéménite, l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes sunnites ont lancé le 26 mars 2015 au Yémen une campagne militaire contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés qui s'étaient emparés de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa.

Mercredi, le porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed Assiri, a déclaré: "Nous nous trouvons aujourd'hui à la fin de la phase des combats majeurs" au Yémen. Il a ajouté que la coalition travaillerait à un plan de long terme pour stabiliser le Yémen. Ces annonces ont été saluées par Washington.

Mais pour le moment, l'aviation de la coalition arabo-sunnite sous commandement saoudien continue ses raids aériens au Yémen, en dépit de fortes critiques de l'ONU alarmée par les pertes civiles.

Les dernières frappes ont visé jeudi soir, selon un correspondant de l'AFP, les alentours de Sanaa où les Houthis, soutenus par l'Iran, tiennent de nombreuses positions.

Mais le calme prévaut tout au long des quelque 400 kilomètres de frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen depuis le 9 mars à la suite d'une médiation tribale, a affirmé à l'AFP le général Assiri.

Cette zone a connu des échanges quasi-quotidiens de tirs qui ont fait quelque 90 morts du côté saoudien, dont des civils, depuis mars 2015.

Date psychologique

Dans un autre signe d'apaisement, les Houthis ont demandé, selon des habitants de Sanaa, aux imams de la prière hebdomadaire du vendredi de cesser de dénoncer dans leurs prêches l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, les deux piliers de la coalition arabe.

Pour l'analyste Mustafa Alani du Gulf Research Centre, même si les raids ne vont pas nécessairement cesser le 26 mars, premier anniversaire de l'intervention de la coalition, l'"opération est en train de prendre fin".

La coalition "ne veut pas aller au delà de cette date psychologique", estime-t-il, alors que l'ONU peine à relancer les négociations entre belligérants pour un règlement du conflit.

  • La Maison Blanche a salué jeudi l'intention de la coalition de cesser les opérations majeures. "Nous saluerions et nous saluons la déclaration" du général Assiri, a-t-elle dit.

Washington apporte certes une aide logistique et des renseignements à la coalition, mais ne cesse d'exprimer son irritation face aux pertes civiles, également dénoncées par les ONG des droits de l'Homme.

Mardi une seule frappe a tué 119 personnes dont 22 enfants sur un marché dans le nord du Yémen, selon l'ONU qui comptabilise au total plus de 6200 morts en près d'un an, pour moitié des civils, et constate une grave crise humanitaire dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.

La coalition a promis une enquête interne sur les "bavures" possibles provoquant des pertes civiles, dont les résultats se font attendre.

Une guerre sans nom

Sur un autre front, la coalition a commencé à combattre les jihadistes d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI) qui, profitant de l'absence d'une forte autorité étatique, ont renforcé leur emprise sur le sud du pays.

Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi n'arrive pas à asseoir son autorité sur cette zone reprise aux Houthis l'été 2015.

"C'est une guerre qui ne dit pas son nom mais qui est en train de se dérouler", a estimé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, en allusion à la lutte contre les jihadistes, cibles aussi des raids de la coalition.
[RTBF avec AFP]
18/3/16
--
-
Sur le même sujet:

 

 

No comments:

Post a Comment

Only News

Featured Post

US Democratic congresswoman : There is no difference between 'moderate' rebels and al-Qaeda or the ISIS

United States Congresswoman and Democratic Party member Tulsi Gabbard on Wednesday revealed that she held a meeting with Syrian Presiden...

Blog Widget by LinkWithin