Saturday, February 23, 2013

«Tout pourrait être réutilisé si nous organisions mieux notre économie».....Cela signifierait remettre en cause notre notion de la propriété


Venu d’Amsterdam spécialement pour la conférence de ce samedi matin, Douwe Jan Joustra a débattu de la mobilité et de la transformation de la ville. Cet architecte néerlandais, que nous avons rencontré peu après son intervention, s’illustre par ses convictions et son envie de repenser totalement le paradigme actuel de l’économie et de l’urbanisme.
Vous proposiez durant la conférence l’idée d’un wifi gratuit et omniprésent dans la ville. Est-ce une solution pour créer de la connexion entre les gens ?
Oui ! La connexion n’est pas toujours physique, elle n’a pas besoin de l’être. Mes enfants sont au courant de tout immédiatement grâce à internet et à Facebook. Ils savent que mon cousin est malade bien avant moi !
Ils communiquent, c’est ce que l’on fait dans la vraie vie.
Je vois des débats où l’on se demande comment proposer des ordinateurs dans la ville. Mais cela n’a aucun intérêt, tout le monde a déjà un téléphone ou des appareils portables qui permettent de se connecter à internet. La seule nécessité demeure l’accès facile et gratuit à la toile.
Dans les trains par exemple, j’ai bien plus besoin d’une prise et du wifi que de quoi que ce soit d’autre ! On parle de mettre des espaces de travail ou des ordinateurs dans les trains. Pas besoin de ça, il ne faut qu’internet et une prise. Et si l’on veut se rencontrer physiquement, on le fera.
Les relations doivent-elles passer par internet ?
Ce serait une vraie solution à tous ces problèmes de mobilité. Il y a deux possibilités : soit on se débrouille pour qu’elle soit plus fluide - c’est la meilleure chose à faire sur le court terme et des gens s’en occupent déjà. Soit, sur le long terme, il faut connecter la vie chez soi et le travail.
On pourrait changer les conditions de vie des gens, de Bobigny par exemple, pour qu’ils n’aient plus besoin d’aller au centre-ville de Paris. Ils peuvent vivre ici, trouver ici ce dont ils ont besoin. Et faire de Bobigny le lieu où les citoyens veulent vraiment être, un endroit sain, avec de la culture, un bon endroit où vivre et travailler. Il n’y aurait plus de problème de mobilité.
Mais comment faire travailler les gens là où ils vivent, s’il n’y a pas de travail ?
On a tendance à penser au travail d’une façon très établie. On estime qu’il faut des bureaux, des endroits où les gens doivent se réunir. Mais cela n’est en fait nécessaire que dans l’industrie, où une production physique est faite. Le fait de fabriquer une voiture ne peut pas être individualisé.
Mais il y a énormément d’activités économiques qui ne nécessitent pas de rassembler toutes ces personnes au même endroit. Un professeur n’a pas besoin d’avoir ses élèves dans la même salle, il a juste besoin de leur attention. On peut s’organiser différemment. C’est pareil pour une compagnie d’assurances, pas besoin de réunir 3 000 personnes qui passent leur temps à téléphoner, à communiquer avec l’extérieur. Pourquoi ne sont-ils pas à l’extérieur, justement ?
La solution résiderait donc dans le télétravail et le co-working ?
Oui. L’idée de travailler chez soi n’est pas nouvelle ! Je peux aussi aller dans un café, sortir mon ordinateur et travailler. Je vois des gens faire ça partout dans les villes. Il faut arrêter avec ces vieux concepts, on doit réévaluer notre façon de considérer le travail. Mais on y arrivera, je suis optimiste. Je le suis toujours !
C’est là que l’économie circulaire entre en jeu. Notre économie actuelle est linéaire. On prend des ressources quelque part, on s’en sert et on jette ce qu’on a fabriqué. C’est du gâchis !
L’économie circulaire propose d’utiliser les ressources pour créer un objet utilisé sur une courte ou une longue période. Et ensuite, le produit revient dans le cycle et se transforme durant une autre phase de production. L’objet, que ce soit un téléphone ou un canapé, serait alors utilisé uniquement de façon temporaire. Tout pourrait être réutilisé si nous organisions mieux notre économie.
Cela signifierait remettre en cause notre notion de la propriété…
Tout à fait. Dans notre système, le producteur crée quelque chose, le consommateur l’achète. Ensuite, il le jette. Dans l’économie circulaire, on voudrait que le producteur reste le propriétaire du produit. Ce serait un autre type de contrat. Le consommateur ne serait plus propriétaire, simplement utilisateur.
Pas besoin de posséder une lampe, on a simplement besoin de la lumière. Et quand le consommateur veut une autre lumière, il peut rendre la lampe. Le producteur récupère ainsi sa création. Cela pourrait changer notre système et notre paradigme économiques de façon phénoménale !
.liberation.fr
23/2/13

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