Friday, March 28, 2014

La civilisation russe remplacera la civilisation européenne

Jacques Attali n’est pas à présenter. Le créateur de la BERD et conseiller spécial de François Mitterrand est loin de chérir la Russie. Pourtant, en homme objectif, il a tenu à se prononcer sur la Crimée et sur le droit des peuples à l’autodétermination. Voici ce qu’il a confié en toute exclusivité à la Voix de la Russie.

Voix de la Russie. Monsieur Attali, que pensez-vous de la situation en Crimée ?

Jacques Attali. Mon point de vue est le suivant : indépendamment de la question de la Crimée comme on dit, j’ai toujours été favorable à l’autodétermination des peuples. Par définition, l’autodétermination ne suppose pas l’accord des autres dont on se sépare.

Donc le principe récemment inventé en vertu duquel une région ou une province rattachées à un pays, ne pourrait pas décider leur autodétermination sans l’accord du pays dont ils veulent se séparer, cela me paraît être contraire aux principes de la politique internationale. Ce principe d’ailleurs n’a pas été appliqué dans le cadre de la décolonisation ou dans le cas du Kosovo (je pense à l’histoire récente) et que l’on n’appliquerait pas évidemment dans le ca de l’Ecosse, de la Catalogne ou d’autres cas du même genre. Je suis favorable à ce principe. Quant à savoir si le rattachement de la Crimée à la Russie s’est fait de façon objective ou pas, là cela s’avère être confirmé par le vote, et je n’ai pas entendu dire que ce vote n’a pas été acquis de façon majoritaire… Donc pour moi, cette question est réglée et doit être considérée comme l’étant, indépendamment de ce que l’on peut penser de ce que cela rouvre comme questions par ailleurs quand la partie d’un pays souhaite soit son indépendance, soit d’être rattaché à un autre pays ! Il faut juste éviter l’euphorie puisque cela peut arriver à une partie de la Russie comme Daghestan ou autres parties qui pourraient revendiquer de se séparer de la Russie. Alors il faut faire très attention à respecter les minorités et à faire en sorte que les minorités soient bien traitées pour qu’elles n’aient pas envier d’être indépendantes et pour qu’ensuite ceux qui veulent refuser cette indépendance n’aient pas à employer des moyens militaires.

VDLR. Vous avez évoqué un sujet dans votre blog pour l’Express. On y lit entre autres : «Mis à part la création de la BERD en 1991, et du G8 en 1992, l’un et l’autre à l’initiative de la France, rien n’a été fait depuis l’effondrement de l’Union soviétique pour rapprocher la Russie de l’Europe. Pour la faire entrer dans un espace de droit commun. » Mais faut-il vraiment faire rapprocher la Russie de l’Europe ?

Jacques Attali. Il me semble vraiment que l’avenir de la Russie aussi bien que l’avenir de l’Ukraine ou de la Moldavie c’est de faire partie d’un espace européen. Cet espace, à mon sens, à long terme devrait être l’Union Européenne qui a vocation à s’étendre jusqu’à la Russie le moment venu en prenant son temps et en passant par des étapes intermédiaires, car c’est l’intérêt de la Russie de se rapprocher de l’Europe Occidentale et l’intérêt pour l’Europe Occidentale d’avoir la Russie parmi elle. La meilleure preuve est que si l’on compare le niveau de vie en Ukraine, en Russie et en Pologne, c’était le même niveau de vie par habitant en 1992. 

  • Aujourd’hui le niveau de vie de la Pologne est trois fois supérieur par rapport à celui de l’Ukraine ce qui montre que le niveau de vie pour les habitants d’un pays est très fortement amélioré quand il s’inscrit dans un partenariat de voisinage stable avec les pays de l’Europe Occidentale qui a beaucoup à gagner à s’étendre avec un voisin disposant de richesses et de potentialités de différentes natures.

Je crois que c’est l’intérêt commun. Cela passe par le maintien des Constitutions existantes. Je ne pense qu’une politique qui conduirait à isoler la Russie, à lui interdire l’action comme le financement de la BERD et des institutions internationales, soit une bonne politique. Il est clair qu’il y a aujourd’hui dans le monde certains qui voudraient revenir à une politique de l’époque de la Guerre Froide. Ces gens existent à Moscou, à Washington et ailleurs et ce sera une très-très mauvaise idée !

---- [Alexandre Artamonov]
Commentaire de l’Auteur. Il y a de la matière à discussion dans cette allocution de M. Attali, car selon mon ami et professeur d’économie à Sophia-Antipolis Ivan Blot : « L’argument économique est le suivant : BNP PPA par habitant selon la Banque mondiale : Russie : 19 891 Dollars par habitant. Pologne : 19 885 (moins que la Russie alors que le vulgum pecus prétend que le Polonais est deux fois plus riche). Ukraine : 6721 Dollars par habitant ! Ces chiffres sont de 2011 ! Les chiffres de la banque mondiale sont considérés comme meilleurs que ceux du FMI ou de la CIA ! » Si je reprends le fil de sa pensée, sans se rattacher à qui que ce soit et en restant centre d’attraction d’une grande civilisation orthodoxe et musulmane, la Russie a pourtant déjà tous les avantages d’un pays indépendant de l’UE. Mais à côté de la Pologne, elle garde toute sa souveraineté tandis que nos chers frères slaves sont aux petits soins de Washington en Afghanistan et ailleurs. Il vaut mieux ne pas laisser étendre l’Europe Occidentale à l’infini, mais une coopération et un alliage de cultures seraient les bienvenus. Un autre facteur que M. Attali ne semble pas avoir remarqué est que dans le temps l’Europe Occidentale avait une idéologie attractive pour l’humanité. De nos jours, l’Occident entrave le développement de nouveaux pays qui émergent pour prolonger sa propre existence. Autrement dit, il usurpe les biens des peuples et cultures au nom d’une doctrine éphémère tout en sachant que le charme ne prend plus. Après les meurtres et coups d’Etat perpétrés pendant les révolutions colorées, après l’exécution sommaire de Kadhafi et la pendaison du président démocratiquement élu en Irak, après l’exportation de la guerre en Syrie et les deux poids-deux mesures en Yougoslavie, l’Occident a perdu ses lettres de créance auprès de l’humanité. Le droit moral revient à la Russie et aux autres pays du BRICS qui mesureront le monde à leur propre aune et pas à celle de Bruxelles et ce, au nom du respect mutuel entre l’orthodoxie et l’islam et la coexistence pacifique au sein d’une famille des nations. N’est-ce pas ce qu’a choisi la Crimée en fuyant les fruits empoisonnés de l’Occident ?
http://french.ruvr.ru

28/3/14

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